Les mains d'or


Didier Goguilly a la main verte. Les élèves de son cours de peinture lui confient souvent leurs plantes à l'échine courbée.Dans la cour intérieure de sa maison de Pau, il veille sur ces tiges vertes qui redressent désormais le nez : Didier Goguilly a de l'or dans les doigts.

Le natif de Besançon séduit par le doux automne des Pyrénées-Atlantiques en 1999, a mis longtemps à le comprendre.

A 17 ans, il s'essaye à la peinture, choisit la voie manuelle : agencement, bois, ébénisterie, gardant de cette parenthèse des meubles délicats façonnés de ses mains. Un enseignant devine son penchant d'artiste et l'incite à suivre une école d'art. Didier Goguilly trouve sa personnalité dans ses études et "d'autres nourritures" : lecture théâtre, cinéma... L'artiste prolifique et éclectique : chez lui, cadres et cartons se bousculent.

Dans le département, il a peint des roseaux, les pyrénées, des rochers... Un même sujet fouillé par centaines de toiles : "il va jusqu'au bout", observe Lila. La trésorière de Nayart suit ses cours depuis 12 ans et va exposer à côté de ses peintures ses autoportraits noir et blanc. Elle a découpé dans des halos de lumière des fragments de son corps, son crâne lisse où se dévoile avec pudeur sa maladie orpheline. Les touches de couleur de Didier Goguilly y font écho avec douceur.

Ce sera l'une de ses rares exposition. Lui qu peint depuis 30 ans ne compte que de rares sorties. "J'ai sorti la tête de la grotte, il y a seulement un an et demi...". Il rêve de créer un lieu d'exposition près de son atelier "pour montrer des gens, susciter des échanges" : les mêmes qu'il revendique avec ses élèves.

Inspiré par "Le ventre de Paris" de Zola, il s'intéresse aux entrailles des égouts, aux rebuts et va peindre... des sacs poubelles noirs pour "travailler plis et drapés". Avec ses mains en or, il peut tout se permettre.


Karine Roby